Le tronçonnage : en 2012 déjà une idée de Stéphane Beaudet

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Janvier 2012

Lors d’une audition d’élus franciliens le 25 janvier 2012 par la Commission d’enquête relative aux modalités, au financement et à l’impact sur l’environnement du projet de rénovation du réseau express régional d’Île-de-France à l’Assemblée nationale, Michel Teulet, alors président de l’Association des Maires de France (AMIF) était accompagné de Stéphane Beaudet, vice-président de l’AMIF et de sa commission « Transports et Déplacements » et maire de Courcouronnes.
Participait également Michel Bisson, vice-président du SAN de Sénart, maire de Lieusaint.

Les extraits ci-dessous illustrent bien les visions des uns et des autres à l’époque.

Pour Michel Bisson, c’est l’idée des liaisons semi-directes :

« En ce qui concerne le financement, il est indispensable de confirmer la mobilisation en faveur du doublement du tronçon entre la gare de Lyon et Châtelet, compte tenu de l’importance de la section centrale. »

« Vous vous interrogez sur les solutions qui pourraient être envisagées à titre transitoire. L’une d’elle serait l’organisation de liaisons semi directes vers Paris. Cela n’impliquerait pas une augmentation du rythme de circulation des rames, mais permettrait de mieux répartir l’effort et d’améliorer la qualité du service. La même décision pourrait concerner la branche desservant Corbeil et Évry. »

Pour Stéphane Beaudet, c’est déja le tronçonnage par tous les bouts :

« Je partage bien entendu le constat général dressé par les intervenants précédents, qui,

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S. Beaudet

comme je le suis également, sont des élus de villes nouvelles ou de collectivités de la Grande couronne. Je tiens aussi à souligner la perte d’attractivité dont souffrent nos territoires, un phénomène qui fait du Grand Paris un projet anxiogène à nos yeux. »

« Enfant de la ville nouvelle, j’ai pu mesurer combien, en trente ans, notre ville d’Évry s’est éloignée de Paris. En effet, il faut désormais deux heures en voiture, contre vingt à vingt-cinq minutes auparavant. Et en RER, alors qu’il fallait vingt-neuf minutes, il nous arrive d’en mettre trente-neuf ! »

« Dès lors, quelle est la solution ? Je proposerai pour ma part plusieurs pistes, dont certaines pourront paraître provocatrices. »

« Ce serait d’abord de recourir à d’autres modes de transport que le RER, qu’ils soient ou non ferrés. Pour les trajets de banlieue à banlieue, le développement des T Zen – … lignes de bus, mais en site propre. Ce mode de transport est sans doute à même de désengorger le réseau de RER. »

« Une autre piste consisterait à revenir sur la continuité de la ligne D et à la couper à nouveau – même s’il paraît peu plausible que la séparation se fasse comme auparavant à l’intérieur de Paris. On peut envisager un terminus situé juste au nord de Paris pour la partie sud, et un autre juste au sud pour la partie nord. En effet, seulement 1% des usagers de la section sud du RER D vont au-delà de la capitale. Or, à l’heure actuelle, un incident qui survient à 125 kilomètres d’Évry peut avoir des conséquences dans notre ville. »

« De même, nous devons nous interroger sur une possible réorganisation du réseau à ses extrémités, situées en très grande couronne. Je rappelle que la ligne D s’étend jusqu’à Malesherbes, soit 15 kilomètres au-delà du péage de Fleury, sur l’autoroute A6. Peut-être n’est-il pas nécessaire de prévoir systématiquement un terminus à cet endroit; on pourrait envisager des trains plus rapides, dont le terminus serait Évry ou Corbeil. Ce serait une solution peu onéreuse. »

Moralité

Entre 2012 et 2016, Stéphane Beaudet a oeuvré pour faire naître une projet pour le RER D. Hélas, des quelques bonnes idées exprimées ci-dessus, la seule qu’il ait poursuivi est la plus mauvaise et la plus injuste : la rupture totale de la desserte par le RER depuis Paris au-delà de Corbeil, qui pénalise la branche Malesherbes. De surcroit, il a rajouté le sacrifice, qui n’était pourtant alors pas au programme, de la branche Val de Seine. Mais le pire, c’est que l’accouchement de son idée l’aggrave encore en avançant à Juvisy la rupture de desserte de Paris.

Poursuivons le discours de Stéphane Beaudet devant la commission :

« Une autre difficulté est que les lignes de RER sont longues, s’étendant de part et d’autre de Paris, alors que les problématiques urbain sont fondamentalement différentes d’une zone à l’autre…. »

« J’ai évoqué tout à l’heure la question de la coupure de la ligne D : avec qui en discuter ? Au sein de quelle instance ? Nous devons nous doter d’une culture commune liée à des bassins de population. »

« Le réseau est en panne de projet : je ne vois pas de possibilité de se réunir autour d’une table…afin de s’interroger sur l’avenir du RER. Or, alors que toutes les réunions de concertation aboutissent à la même conclusion – la priorité est de s’occuper de l’existant –, rien n’a fondamentalement changé, à part une partie du matériel et quelques aiguillages. Et malheureusement, cela risque de durer. »

Moralité

  • En janvier 2012, Stéphane Beaudet cherchait les instances dans le cadre desquelles ces sujets auraient pu être discutés.
    • Pourtant, elles existent, même si elles ne collent pas de manière unitaire au territoire irrigué par le RER : ce sont la Communauté d’Agglo et le Département de l’Essonne.
  • Stéphane Beaudet  cherchait avec qui parler de ces idées pour le RER D. Il a trouvé!
  • il a constitué des alliances entre les décideurs qui pèsent, dans ces mêmes communautés territoriales :
    • les élus de villes nouvelles ou de collectivités territoriales, Michel Bisson, François Durovray,Francis Chouat
    • il associe son ami Manuel Valls qui partage les mêmes enjeux depuis qu’en juin 2012, le site de Ris-Orangis a été retenu pour le Grand de Rugby
    • mais de ces collectivités il a soigneusement oublié d’inviter à la table des débats les élus d’autres communes plus petites, plus anciennes : celles du val de Seine Etiolles, Tigery, Soisy, Ris-Orangis, Saint-germain-les-Corbeil le Coudray, Draveil, et celles du Val d’Essonne Mennecy, La ferté-Alais, etc…
  • avec les premiers, il a imaginé et décidé le SA2019, ce projet d’avenir devenu une urgence nationale grâce au CIN signé par Valls 1er ministre en 2016, dont leurs territoires d’élection sont tous gagnants,  à l’insu des seconds, qui sont les grands perdants.

Et si vous écoutez aujourd’hui, Stéphane Beaudet, François Durovray ou Francis Chouat, ils ont ce faisant fait preuve de courage!

La réalité est qu’ils ont fait le SA2019, en engageant les communautés territoriales dans le conflit d’intérêt et ont bafoué les valeurs fondamentales de la démocratie : transparence, neutralité, solidarité, justice.

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